Je sens son corps chaud contre moi. Elle. Celle dont j'ai cherché le regard pendant des mois. Mais je suis froid. Tout froid. Mes mains sont froides, mon corps est froid. Le sang qui me parcoure ne palpite pas. Je la serre plus fort. Mais je suis froid. Si froid... Un profond malaise me prend. Je ne peux pas rester là.

Alors, comme un somnambule, je sens mes jambes qui s'agitent, ma bouche lui dire « Je suis désolé... Il faut que j'y aille... », et je vois son regard qui ne comprend pas. Son regard déçu. Mes jambes s'effondrent sous moi à deux reprises. Je cours.

J'accélère. Je suis poursuivi. Une ombre se dresse derrière moi, me poursuit, me couvrant tout entier de sa désapprobation. C'est la déception. J'ai mal. Une douleur atroce me tord le côté, je cours et j'ai mal. J'ai honte. Pourquoi ai-je fait ça ? J'aurais dû l'embrasser, lui dire que... Lui dire tout. Elle s'attendait à mieux. J'ai si mal ! Je cours jusqu'à la plage, je tombe. Ma bouche avale du sable et je tousse, mais ça ne fait rien. Je me blottis dans un coin de dune et je regarde la mer. Les vagues s'éclatent sur le rivage avec violence, des étincelles écumantes volent dans l'air.

Je me serre contre le sable, je l'embrasse, je pense à elle. Je le laisse me prendre. Il fait presque nuit, à présent. Des pans de brume s'installent sur la plage, floutent ma vision de l'eau. Ce n'est pas si mal. Enveloppé dans le cocon du soir, je me sens mieux.

Alors je me lève, je m'agenouille et j'écris sur le sable. En grosses lettres. A deux reprises, je m'écorche le doigt contre un coquillage. Une goutte de sang coule et tombe sur la plage. Elle s'infiltre dans le sable. Il est juste un peu plus sombre à cet endroit.

Et puis je pars et je cours. J'ai envie de crier. Mais juste crier pour que mon coeur soit moins gros, gros d'amour, de honte et de paix.

Sur la plage, il y a écrit « Je t'aime. ».