La faire souffrir. Le plaisir de la voir se tordre de douleur. Elle ne mourra pas. Du moins, pas tout de suite. J'y veillerai. Et quand le moment sera venu, de nouveau le plaisir. Tuer, arracher son coeur encore palpitant de sa carcasse squelettique et torturée, sentir le sang chaud couler entre mes doigts, entendre le son cristallin de son cri d'horreur. Misérable créature, méprisable insecte... Il sera si facile de t'écraser !

Tandis que je ressassais ces délicieuses pensées, un sourire sadique illumina mon visage. Je le dissimulai vite sous ce masque typiquement humain qu'ils appellent la timidité.
- Tu... Tu quoi ? balbutiais-je.
- Je t'aime Allan. Mais ne m'oblige pas à le répéter encore, c'est déjà assez difficile comme ça fit-elle avec un petit sourire triste.
Je lui pris délicatement la main, la regardant tendrement dans ses grands yeux bleus.
- Depuis le temps que j'attendais ce moment...
Oh oui, si elle savait...
- Tu es sérieux ? souffla-t-elle étonnée avant de fondre en larmes et de me prendre dans ses bras. «Oh Allan... Allan, Allan, Allan !» tandis qu'elle répétait mon prénom, elle m'enlaçait de plus en plus fort. Ses lèvres effleurèrent d'abord mon cou, puis ma joue, puis mes lèvres... Je lui rendis fougueusement son baiser. Sa respiration se fit plus rapide, ses mains glissèrent jusqu'à ma chemise, qu'elle déboutonna, puis jusqu'à ma ceinture. Je la laissais faire, secrètement ravi de la tournure des évènements. J'entrepris moi aussi de la déshabiller, caressant doucement sa peau, entrecoupant chaque geste d'embrassades de plus en plus violentes. C'était si facile... J'avais envie de rire. Un rire dément qui résonnerait jusque dans les tréfonds de l'enfer, qui ferait frissonner l'âme fragile des mortels jusqu'à les rendre fous. Mais je me suis tu, préférant lui souffler des mots stupides au creux de l'oreille. Il allait falloir attendre encore un peu. Patience, me dis-je. Je n'en apprécierais que mieux le jeu qui allait suivre...

Allongé sur le lit, le regard perdu sur les fissures du plafond, je l'écoutais respirer. Elle dormait paisiblement, lovée contre moi, lâchant de temps à autre un petit grognement, retroussant alors légèrement le nez. Un humain aurait trouvé ça charmant mais cela ne faisait que renforcer le mépris que j'avais pour de ces faibles et pathétiques créatures. Elles avaient tant de défauts ! Mais comme dans toute chaîne, il faut un prédateur et une proie. Ainsi, les Hommes remplissaient ce dernier rôle avec un talent surprenant... Un nouveau sourire étira mes lèvres. J'entrepris de la retourner sur le dos. Afin de ne pas la réveiller, je le fis aussi silencieusement et subtilement que ce corps me le permettait. Je ne voulais pas lui gâcher la surprise ! Fourrant mon nez dans son cou, je commençai à la lécher. Le goût salé de sa peau se répandait en mille saveurs sur ma langue. N'arrivant plus à me contrôler, je devins plus violent, la mordant, enfonçant mes ongles dans sa chair délicate. Elle se réveilla brusquement, laissant échapper un petit glapissement de douleur.
Je plantai mes yeux dans les siens, et ce que j'y vis me remplit de la joie la plus cruelle, la plus perverse qui soit. Dans ses pupilles agrandies de terreur, je me voyais maintenant dans toute ma splendeur : une ombre de poussière et de brume, retenue par quelques lambeaux de chair en décomposition, des ongles sales de sang séché, semblables à des griffes noires et tranchantes et, au-dessus de l'énorme trou béant me servant de bouche, deux yeux de flamme. Elle se mit à hurler et à se débattre comme le font les bêtes avant de passer sous le couteau. Parfait, la partie allait pouvoir commencer !